






Dans ses Exercices spirituels, Ignace de Loyola (1491-1556) valorise l’écoute et la bienveillance dans le dialogue.
Celui-ci s’apprend en pratiquant la disputatio.
Au XIIIe siècle, les professeurs proposaient à leurs étudiants des exercices en groupe pour s’approprier ce qu’ils venaient d’apprendre en cours. L’un d’eux s’appelait la disputatio. L’enseignant posait une question, un groupe d’élèves devait défendre une propositio, un autre groupe devait objecter. L’exercice s’achevait par la determinatio : le professeur reprenait la parole pour corriger, compléter et prolonger la réflexion.
Ils ont une semaine pour préparer la disputatio en groupe. Ils doivent développer trois types d’arguments, assortis d’exemples tirés de la Bible, de la Tradition (concile, magistère) ou d’auteurs connus, gradués du plus faible au plus fort.
Le jour dit, les élèves se présentent devant le jury, composé - cette année - d’un Jésuite, d’un enseignant, d’une représentante des Anciens de Saint Marc et d’un professeur de théâtre. Ils désignent un héraut (porte-parole) qui va mener l’argumentation pendant 15 minutes. Ils ont le droit de lui souffler des réponses. Le groupe qui répond doit commencer son argumentation en synthétisant la position adverse. Ils doivent ensuite choisir parmi les arguments préparés ceux qui permettent de répondre et de renverser cette proposition. L’équipe gagnante est celle qui a le mieux su déployer une argumentation cohérente et pertinente, en s’appuyant sur les connaissances acquises pendant les cours.
L’intérêt de cet exercice ? L’élève apprend d’abord à écouter l’autre avant d’assener son argumentation et il doit trouver des arguments qui répondent aux questions soulevées par son auditeur. Certains pensaient remporter la disputatio en assénant un argument fort. Ils ont été désarçonnés de voir l’équipe adverse retourner leur citation en l’abordant sous un biais auquel ils n’avaient pas songé… ou, pire, en leur démontrant qu’ils l’avaient mal comprise !